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À toute chose malheur est bon !?



Nous sommes un groupe, composé de proches et d’amis qui avaient l’habitude de se rencontrer régulièrement pour discuter de tout et de rien, question de refaire le monde dans des débats passionnés et parfois houleux. Pour meubler les interminables journées de confinement, nous avions convenus de poursuivre nos joutes oratoires par écrans interposés.



L’actualité du moment, la pandémie, s’imposait comme sujet récurent, et le thème semblait inépuisable. La sinistrose ambiante, induite par le confinement mal vécu par le grand nombre, faussait les débats dans la mesure où chacun y allait dans de longues litanies pour rajouter la peur à la peur.


Aussi avions-nous décidé, pour rendre le climat moins morose et nos échanges plus alertes, de positiver systématiquement les débats. Sauf que le drame qui se joue sous nos yeux n’incline pas à la sérénité ! Dans un sursaut la majorité s’est ralliée à une idée simple et bien à propos : rassurer en montant «qu’à toute chose malheur est bon ! ». Aussi avons-nous demandé au plus âgé (pour une fois ce n’était pas moi) et au plus jeune d’apporter une démonstration de ce dicton, en apparence trivial.


Notre aîné y est allé tout de go en pérorant que la grande chance du Maroc est de ne pas avoir trouvé de pétrole. De ce malheur dit-il, le Maroc n’a glané que du meilleur. Il s’est lancé dans une série de comparaisons avec d’autres pays en rappelant à chaque fois que comparaison n’est pas raison.


Pour lui, le pétrole a d’abord corrompu les esprits. Preuve en est que dans de nombreux pays pétroliers les citoyens se complaisent dans leur statut d’assistés, et sont réduits à n’être que de simples consommateurs. Le Marocain par contre ne recule pas devant le labeur et parait même d’une grande ardeur au travail. Il produirait semble-t-il plus qu’il ne consomme. La distorsion résulte d’un système économique malsain qui rémunère injustement le travail.


Quand dans le débat la Caisse de Compensation a été évoquée pour son rôle d’assistanat, notre aîné a balayé d’un geste de la main ces objections en disant que cette caisse assiste surtout les riches qui n’en ont pas besoins. Il donne à cet effet l’exemple du propriétaire d’une Mercedes qui fait un plein de 60 litres et le propriétaire d’une moto qui fait un plein avec 2 litres et s’interroge : qui reçoit le plus d’argent de la compensation ? Ce qui vrai de l’essence l’est aussi des autres produits subventionnés. Donc plus votre pouvoir d’achat est élevé, plus vous profitez de la compensation. Allez trouver de l’assistanat dans ce cafouillis !


Autre sujet à avoir surgi dans le débat, c’est l’aspect identitaire. Nul ne conteste que le recul et la profondeur historique du pays, confère aux Marocains une identité parfaitement aboutie. Pour certains la forte identité aurait constitué un barrage contre les dérives que la présence de pétrole aurait occasionnées. On remarque que des Porto-états, venant de nulle part et qui n’existaient pas encore il y a un demi-siècle, cherchent à coup de milliards à se forger des identifiés d’emprunts. Malgré cela, ils restent d’une affligeante vacuité morale. Rien d’étonnant qu’ils soient l’objet d’un mépris généralisé. Ceux qui semblent leur porter un intérêt, n’ont d’intérêt que pour leur l’argent, un argent facile, dilapidé tout aussi facilement. En dehors de l’ostentation et du clinquant, leurs dollars ne servent à rien et surtout pas à les doter d’une culture et encore moins de fierté et de dignité.


Les roitelets du pétrole en sont conscients, alors ils cherchent à forcer l’histoire en encourageant le terrorisme, en fomentant des complots et en finançant des guerres. Et notre aîné de conclure, tout essoufflé : voilà le genre de dérives que le manque de pétrole nous a épargné ! Vrai qu’à toute chose malheur est bon.


Juste après notre benjamin, avec l’insolence de son âge, a pris la parole pour déclarer avec un aplomb déconcertant que la plus grande chance du Maroc est d’être le mal aimé des médias français. Systématiquement et depuis toujours, a-t-il dit, ces médias n’ont pas manqué une occasion de traîner le Maroc dans la boue. Les commentaires élogieux qu’on rencontre par intermittence signifie que le Royaume a payé cher les éloges. Du mercenariat pur et dur !

Il arrive parfois que des prises de positions du Maroc, favorables à l’Occident, soient instrumentalisés par les médias pour laisser croire que des pays tiers approuvent lesdites positions. Il va de soi que dans ce cas les médias vont citer le Maroc en rajoutant au besoin quelques éloges, un peu de cosmétique.


En dehors de ces deux situations, le Maroc présente un dos suffisamment large pour recevoir tous les coups. Et les médias de l’Hexagone n’y vont pas de main morte. Pourtant rien dans la politique du pays ou le comportement de ses citoyens n’explique cette attitude. A croire que l’absence d’agressivité ou de réactivité des Marocains ne fait que nourrir cette hargne.


Du temps de la guerre froide, le Maroc était présenté comme le prototype de la monarchie rétrograde à abattre. Pour corroborer cette thèse on décrivait par exemple le Protocole royal, expression de notre identité nationale, comme la survivance de pratiques surannées. Au même moment les mêmes médias ne tarissent pas d’éloges et s’émerveillent face à des pratiques hors du temps, qui ont encore cours dans certains pays. En somme c’est notre identité qui est visée !


Le Maroc comme tous les pays connaissent des soubresauts. Quand cela arrive chez nous, les médias français n’y voient que le signe de l’imminence de l’Apocalypse. Pour être rapportée, l’information ne doit comporter que des éléments à charge. Un forme d’inquisition qui ne dit pas son nom.


Parallèlement ces médias sont moins sévères avec l’Algérie, non parce qu’ils préfèrent ce pays au Maroc, mais parce qu’ils ont peur de rouvrir les blessures de la guerre coloniale qui tardent à cicatriser. Complexés par l’Algérie, les médias tricolores déversent leur trop plein de haine sur le Maroc.


Et notre benjamin de faire cette mise en garde : n’allez surtout pas croire que l’attitude des médias français vise la monarchie, elle est très utile à l’Occident. L’objectif, avoué parfois, inavoué souvent, est de malmener l’identité marocaine et de rendre malléable à merci ce pays un peu trop fier à leur goût. Puis, avec la même désinvolture il conclut : j’aimerais tant croire qu’il existe un «cabinet noir » orchestrant les campagnes anti-marocaines. Ce n’est même pas le cas. Nous sommes d’une part, en présence de médias prisonniers de préjugés savamment inoculés par la très puissante bien-pensante, et d’autres nous avons affaire à des médias champions de la diffamation, et n’existant que par la diffamation.


Surprenante conclusion puisque, à aucun moment, il n’a expliqué ce qu’il y avait de bon à être mal-aimé des médias français. Est-ce qu’il a laissé à ses aînés le soin de trouver la réponse ?


Abdelahad Idrissi Kaitouni.




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