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Quid des échanges de vœux du nouvel an ?



J’ai coutume depuis des décennies d’adresser des vœux à l’occasion du nouvel an. Cela a commencé avec de petites cartes achetées au prix fort pour mes budgets d’adolescent et de jeune homme. Puis, en début de carrière, pour me donner importance et contenance, je glissais dans des enveloppes ma carte de visite professionnelle après avoir griffonné quelques gentillesses au destinataire.

Après pour faire plus sage et responsable, j’achetais des centaines de cartes Unicef comme pour annoncer urbi et orbi que je profite du nouvel an pour faire une action charitable. Beaucoup plus tard, c’est à dire récemment je m’en suis remis comme tout le monde à la technologie et pire aux réseaux sociaux.


Pourquoi adresser des vœux et à qui les adresser ? A l’origine pour moi formuler un vœux pour quelqu’un, est une manière de lui signifier qu’il est important pour moi, qu’il bien dans mes pensées et que je voudrai le voir au mieux de ce qu’il souhaite. Il va de soi que les destinataires de ces vœux sont essentiellement ma famille, mes proches et mes amis au sens étymologique du terme, c’est à des personnes qui m’émeuvent positivement et dont l’a proximité physique et/ou morale me rassure. Réellement je sens que je me fais davantage de bien à moi-même en leur adressant mes vœux. Arracher un sourire à ceux qu’on aime, leur apporter du baume au cœur est ma meilleure gratification. Il va de soi que cette sensation ne concerne qu’un nombre limité de personnes.


Il va de soi aussi que, en dehors de ce cercle restreint, les autres à qui j’adresse mes vœux, n’éveillent pas en moi les mêmes émotions. Il s’agit de connaissances qui n’ont pas un statut d’amis tels que définis plus haut. Quelle est la part de sincérité dans les vœux adressés à de simples connaissances ? La réponse est loin d’être évidente !


En effet l’échange de vœux entre de simples connaissances paraît désuet et semble répondre au souci de garder vivant des liens sociaux. Un souci légitime voire vital pour certains. Se rappeler fréquemment au bon souvenir de nos connaissances est souvent considéré comme un pari sur l’avenir. Que de fois, le hasard des carrières ou de la fortune ont mis sur notre chemin ces simples connaissances devenues du fait de ce hasard, des personnes décisives dans nos vies !


Donc les vœux ne sont jamais trop éloignés de l’intérêt ! Qu’il y ait des vœux «intéressés», c’est courant. Il y en même qui cultivent ce genre de vœux, n’en adressent qu’à des personnes susceptibles d’interférer utilement un jour dans leur vie. Il n’y a peut-être pas de sincérité dans les vœux échangés, mais est-ce pour autant condamnable ? Difficile de répondre, car si parfois cela s’apparente à la servilité, dans d’autres cas on est dans la reconnaissance, la gratitude. L’échange de vœux sans intérêt évident, est-il toujours empreint de sincérité ? Je crois que c’est souvent le cas puisqu’il s’agit de l’échange de bons procédés pour entretenir le lien social. Que de fois me suis-je trouvé dans l’obligation de répondre par des vœux à des vœux émanant de personnes à qui je n’avais pas pensé. Un moyen de raviver une relation, qui autrement aurait été définitivement enterrée.


On voit toutes les subtilités qui accompagnaient les échanges de vœux, et où on retrouve tout un art de vivre de nos sociétés fortement sophistiquées. Ce mode de vie admirablement policé, va-t-il se maintenir face à la déferlante de la technologie et des réseaux sociaux ? En deux, trois clics on peut envoyer simultanément un nombre incalculable de vœux. Cela ne coûte plus rien, ni en argent ni en temps.


Du coup, puisque c’est gratuit, on use et abuse de la facilité et de la rapidité de la technologie et de l’étendue quasi infinie des réseaux sociaux. Cet usage abusif conduit parfois à des situations rocambolesques, voire pitoyables. Comme par exemple des connaissances qui m’ont avoué avoir continué à envoyer des vœux de nouvel an à des personnes décédées et qu’elles n’ont pas eu la présence d’esprit de retirer de leur carnet d’adresse.


Nous avons tous aujourd’hui un nombre pléthorique de connaissances réelles ou virtuelles. Comment faire pour adresser le bon message à la bonne personne ? On est réduit à standardiser les messages, autrement dit à les rendre impersonnels. On est loin, très loin des vœux chaleureux échangés naguère. Aujourd’hui tout le monde regarde, blasé, le tsunami de vœux formulés à chaque occasion sur les réseaux sociaux. Mais je doute fort que quelqu’un puisse se sentir toucher par ces vœux.


Pour ma part, je mets beaucoup de retenue à adresser des vœux à l’ensemble des amis réels et virtuels de peur d’infliger aux personnes auxquelles je tiens particulièrement, une formulation qui les banaliserait.


Abdelahad Idrissi Kaitouni.

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