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Où êtes-vous monsieur Akhannouch ?




Notre Premier Ministre brille par son mutisme. À croire qu’il a atteint ses objectifs, ou du moins les objectifs qu’on lui a assignés. Objectifs atteints peut-être, mais réussis, difficile à dire ?


A-t-il gagné les élections de haute lutte ou a-t-il juste bénéficié de l’effondrement tant souhaité du PJD ? L’admirable mobilisation des réseaux sociaux pour l’élimination des islamistes a sûrement profité à tous les partis, et particulièrement ceux de l’actuelle coalition.


On n’en a pour preuve que, malgré une campagne électorale atone pour ne pas dire terne, le succès était au rendez-vous, et même qu’il dépassait en nombre de députés les espoirs les plus fous de certains partis.


D’un point de vue purement formelle, on ne peut contester la victoire du RNI. Cependant on est en droit de se demander s’il s’agissait d’une réelle adhésion des électeurs à un programme qui, tout compte fait ne diffère en rien avec celui des autres partis, ou s’agissait-il d’une transhumance vers une autre contrée moins intolérante et moins hasardeuse que celle du PJD. La question demeure pendante car, à aucun moment on n’a senti la moindre ferveur populaire qui accompagne des victoires de cette ampleur.


Ceci dit, on ne fera pas injure au RNI d’avoir su profité de la banqueroute des islamistes, pas plus qu’on ne fera injure à l’intelligence collective des Marocains d’avoir su mettre fin, et de belle manière, à dix ans d’aventurisme.


A-t-il réussi à constituer le Gouvernement que le pays était en droit d’attendre ? Comme cabinet de technocrates, on ne peut trouver mieux. La qualité des Femmes et des Hommes qui le compose est remarquable. Encore que de nombreuses voix s’étonnent qu’on ait voulu conférer des aptitudes à gouverner à des personnes présentant de réelles compétences, alors qu’elles sont des novices de la politique. Qu’à cela ne tienne, on va les peinturlurer des couleurs des partis de la coalition, et le tour est joué, le voilà notre Gouvernement politique ! D’ailleurs le plus emblématique des technocrates, Chakib Benmoussa, a été, probablement à son corps défendant, encarté RNI.


À moins de n’avoir un passé de militant, un nouveau ministre a besoin qu’on lui insuffle un peu d’âme politique. Au lendemain de la présentation du Cabinet Akhannouch, j’avais publié un post où je saluais sa composition, tout en m’interrogeant sur la capacité du Chef du Gouvernement à insuffler ce supplément d’âme que tout exécutif a besoin pour mener à bien la politique audacieuse et volontariste que le pays attend ardemment.


Ce qui n’était qu’un questionnement légitime à ce moment, devient aujourd’hui une lancinante appréhension. La loi de Finances 2022, a changé l’appréhension en inquiétude car elle a été votée telle que préparée par Benchaaboun, et ne comporte pratiquement pas la marque de l’actuelle majorité. Qu’on ne vienne pas dire que le Gouvernement n’avait pas eu le temps de poser son imprimatur. Car un parti qui a les prétentions du RNI se devait d’être suffisamment préparé pour faire passer, ne serait-ce que quelques mesures-phare.


La composition du Gouvernement trahit une fâcheuse propension de M. Akhannouch d’opter systématiquement pour la facilité. On retrouve déjà cet état d’esprit dans la composition de la coalition. Choisir des partenaires sur la seule base du nombre de sièges recueillis, au mépris de toutes proximités idéologiques ou autres, peut trahir un défiance à l’égard de la Démocratie. En effet, s’abriter derrière une majorité trop confortable laisse penser que M. Akhannouch redoutait de se trouver face à une solide opposition. Il gagnera certes en quiétude, mais appauvrira le débat politique privant nos concitoyens d’alternatives.


Une majorité confortable est plutôt un atout, car cela confère les coudées franches au Chef du Gouvernement pour s’engager dans une politique volontariste dans l’économique et le social, en dotant le pays d’un arsenal juridique audacieux susceptible d’entraîner de profondes mutations de la société. M. Akhannouch a les coudées encore plus franche du fait de sa proximité réelle ou supposée avec le Souverain.


Au lieu et place de l’audace, on a le sentiment que les actes gouvernementaux se parent d’un voile pudique. À croire que certains ministres s’excusent d’être là.


On ne saurait leur reprocher cette discrétion forcée, car leur Chef aussi donne l’impression d’être insaisissable. Sans quelques communiqués qui viennent de temps à autre rappeler l’existence d’une primature, on se poserait tous la question de savoir s’il y a un pilote dans l’avion.


Cette question est d’autant plus légitime que la gouvernance aujourd’hui s’accompagne d’un activisme médiatique intense. Dans les Démocraties modernes, la communication est la composante essentielle de l’exercice du pouvoir. L’omniprésence des Chefs d’États et de Gouvernements dans l’espace médiatique de leur pays respectifs est salutaire, puisque les populations ont le sentiment d’être respectées car les responsables se voient obligés de venir régulièrement s’expliquer devant elles.


Cet exercice démocratique est éminemment utile et notre pays gagnerait à pouvoir en bénéficier. Alors où êtes-vous M. Akhannouch ?


Je récuse les assertions partisanes qui expliquent le mutisme du Chef de Gouvernement par le manque de charisme ou une faiblesse d’élocution en Arabe. Il n’a pas besoin d’être un tribun pour bien communiquer, il n’aura pas à aller haranguer les foules. L’essentiel c’est qu’il saisisse toutes les opportunités pour faire parler de lui et de ses actions, peu importent les canaux empruntés.

L’armée de communicateurs autour de lui, se chargera de lui fournir les outils les plus appropriés pour garder un contact permanent avec les citoyens. Le prolongement du mutisme de M. Akhannouch est dommageable pour sa propre image, et surtout dommageable pour la Démocratie naissante au Maroc.


Abdelahad Idrissi Kaitouni.

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