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Photo du rédacteurNouveau Don Quichotte

Pour la refonte du concept de la Commanderie des Croyants.



Lorsque le Roi avait appelé à réfléchir à un nouveau modèle de développement économique, on avait assisté à un florilège d’articles sur la question. Comme on pouvait s’y attendre, on a eu droit à un large éventail d’idées, des plus pertinentes, aux plus originales, en passant parfois par des idées carrément iconoclastes.


J’ai été particulièrement interpellé par une chronique de l’excellent M’hamed Alaoui Yazidi. L’idée maîtresse de sa chronique relève à la fois de l’original et de l’iconoclaste, dans la mesure où dans ses préconisations il appelle à l’élaboration d’un modèle de développement du Religieux préalablement à la réforme du modèle de développement économique.


Il se fonde sur un constat : la crise au Maroc n’est pas seulement économique, elle est multiforme, à la limite existentielle, où les dérives du Religieux ont tout perverti. La déferlante islamiste a corrompu les rapports sociaux et a entamé la confiance du Marocain dans l’autre et en lui-même.


Dans une de mes chroniques consacrées au modèle de développement économique, j’ai repris à mon compte l’idée de M. Alaoui Yazidi, en expliquant que, quelque soit la pertinence dudit modèle, il sera inopérant si on ne restaure pas d’abord des liens sociaux à l’abri de l’hypothèque islamiste. Le désir sincère du vivre-ensemble, quand il est partagé par le grand nombre, peut corriger toutes les insuffisances d’un modèle de développement économique.


Notre vivre-ensemble est aujourd’hui à l’épreuve du discours toxique de la mouvance islamiste qui continue à alimenter les cellules malignes de cette excroissance cancéreuse de l’Islam. Pour retrouver le vivre-ensemble, base de notre citoyenneté, et qui a cimenté notre société à travers les siècles, tous les regards se tournent vers le Commandeur des Croyants. Il avait plus d’une fois l’occasion de sévir contre les actes condamnables par lesquels les principaux dignitaires de cette mouvance ont défrayé la chronique. La fornication de deux de leurs prédicateurs en pleine nature, les agissements d’un Ramid ou d’un Amekraz, et les attitudes plus ou moins répréhensibles de plusieurs responsables PJD, ne pouvaient pas avoir échappés au Roi.


S’il donne l’impression de fermer les yeux, c’est qu’il ne veut pas que ces tristes individus deviennent des martyrs à leur insu. Car la machine de propagande PJD, aura vite fait de faire passer des punitions amplement méritées pour de la persécution. C’est ainsi qu’on transforme un individu pitoyable en martyr.


La sagesse du Roi n’est pas perçue comme telle par le grand nombre. Pire les islamistes s’en saisissent pour faire douter de l’autorité de la Commanderie des Croyants et pour que eux, apparaissent comme la seule référence à l’Islam. Ils ne sont pas à un hold-up près !


Il y a péril en la demeure, et il est de la plus haut urgence de codifier le Religieux d’une manière précise. Il faut donc nous doter d’une Loi organique qui fasse «Code du Religieux», quitte à réécrire la Constitution pour refonder le concept de Commanderie des Croyants.


On a vu comment la Commanderie des Croyants est mise à l’épreuve par les agissements sournois et perfides des islamistes. Mais elle a aussi à se défendre avec doigté contre un péril venant de l’extérieur, celui représenté par le Wahhabisme conquérant qui cherche à bouter les Musulmans hors de l’Histoire.


Il est impensable de réformer le champ du Religieux sans une défiance clairement annoncée à l’égard du Wahhabisme. Les Marocains sont dans leur majorité nostalgiques de l’Islam de leurs grands parents, un Islam dépourvu de rigorismes, à la limite un Islam heureux car convivial. L’irruption du Wahhabisme à partir des années 1970 a corrompu jusqu’aux pratiques religieuses, et envenimé les liens sociaux, y compris les liens à l’intérieur d’une même famille. D’où l’aggravation de la crise morale que nous traversons. Cette doctrine venue d’un autre âge, apparaît comme une véritable machine de destruction de notre identité. Comment pouvons-nous ébaucher le renouveau du Religieux sans nous débarrasser de ce virus. La vaccination, terme au goût du jour, contre le Wahhabisme suppose que le Maroc cesse d’être l’otage de la Saoudie.


On a tendance à oublier que le Maroc est gouverné ou a été gouverné par des dynasties chérifiennes, entendez par-là, la descendance de Ali, autrement dit des dynasties qui devaient théoriquement se retrouver dans la mouvance chiite. Pour de multiples raisons, il n’en a pas été ainsi. Une des explications qu’on pourrait avancer se retrouve dans cette capacité du Marocain à tout concilier, y compris les extrêmes. Rien d’étonnant que le pays ait accouché de l’Islam le moins dogmatique et que d’autres qualifient d’Islam modéré.


En effet, de tous les pays musulmans, le Maroc est celui qui a l’approche la moins passionnelle avec la religion. (ce qui ne diminue en rien l’attachement du Marocain à sa foi ). Ceci dénote une aptitude certaine à l’ouverture à l’autre. Peut-être qu’est-ce là que réside ce que nous nous plaisons à appeler l’exception marocaine.


La refonte du Religieux suppose un positionnement clair vis à vis de toutes les mouvances de l’Islam, y compris l’Islam chiite. On peut affirmer sans présomption que le Maroc est le seul pays, l’unique au monde à pouvoir restaurer un jour la relation chiite-sunnite. Non pas à cause de ce vague lien généalogique mentionné plus haut, mais parce que le Maroc à une identité aboutie et assez forte pour se conjuguer et dialoguer avec une autre identité toute aussi fière et forte : l’iranienne !


Mais le Maroc ne pourra pas s’aventurer dans cette voie sans avoir à braver les démons infantiles et infantilisants de la Saoudie.


En plus du climat malsain créé par la vague islamiste, et à la montée du Wahhabisme, la Commanderie des Croyants est en butte à ce qui s’apparente à un véritable dictat saoudien. Comme le suggère M’hamed Alaoui Yazidi, le moment est venu pour revisiter le concept de la Commanderie des Croyants.


On sera donc amené à procéder à une réforme constitutionnelle pour, à la fois affirmer le caractère civil de l’Etat et revoir le sens à donner la Commanderie des Croyants pour préserver le Roi des débordements endogènes et exogènes du Religieux.


Abdelahad Idrissi Kaitouni.



PS : J’avoue que j’ai eu quelque mal à me résoudre à écrire un tel article. Le laïc que je prétends être, s’accommode avec réticence à prôner la codification de relation entre l’Etat et la religion. Je me suis toutefois enhardi à faire une telle préconisation parce que j’ai le sentiment qu’il y a péril en notre demeure, le Maroc.



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