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Élections : la double victoire du Maroc !




Le Maroc n’est pas un pays où les sondages d’opinions sont fiables. L’outil statistique n’est pas encore suffisamment affiné pour dégager avec précision les tendances qui modèlent l’opinion majoritaire. Cependant aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux on peut avoir une assez bonne visibilité de ces tendances. Que nous disent ces réseaux sur les élections générales de ce 8 septembre ?


Tout simplement que les Marocains sont euphoriques, car ces élections ont été un succès sur l’essentiel. D’abord au niveau du taux de participation qui est plus que confortable eu égard à celui des précédents scrutins. La mobilisation généreuse des Marocains en ces temps de Covid visait deux objectifs déterminants pour le pays.


En effet, dans la guerre larvée que nous impose sournoisement nos voisins de l’Est, le front intérieur est la meilleure arme à brandir face à un ennemi dont le propre front intérieur est totalement lézardé. Avec un taux très poussif de 22% de participation au scrutin du 12 juin dernier, le peuple algérien a clairement manifesté sa défiance à l’égard de la junte militaire algérienne. Autrement dit l’aventurisme des généraux a du plomb dans l’aile car il trouve très peu d’écho dans la population.


C’est tout le contraire de ce côté-ci de la frontière où les Marocains ont marqué une adhésion franche à leurs institutions. L’adhésion est plus nette dans les provinces sahariennes où plus des 2/3 de la population est allée voter.


En plus d’avoir voté en masse pour la consolidation de leur front intérieur et envoyer un signal fort à l’ennemi extérieur, les Marocains ont voté en masse pour barrer la route à l’obscurantisme qui semblait s’installer d’une manière durable au pouvoir. Donc ces élections auront été doublement profitable au pays.


Nous aurons tout le loisir de savourer cette double victoire. Mais pour ce qui est de la victoire sur le PJD, je mettrai du bémol. Certes le PJD a perdu les élections, mais pas l’islamisme qui malheureusement continue ses nuisances dans la société. Leur retour, à l’occasion de futures élections, reste d’autant plus probable qu’ils ont été chassés du pouvoir à la suite d’un vote-sanction massif. Aucun des vainqueurs ne peut prétendre avoir bénéficié d’une réelle adhésion. En compulsant les réseaux sociaux, on ressentait l’embarras des internautes qui ne savaient pas pour qui voter. En revanche, ils savaient pour qui ils n’allaient pas voter. Gageons que l’ensemble des autres partis ont reçu beaucoup de voix par défaut.


En l’absence d’une adhésion franche et massive à un programme dûment avalisé par les électeurs, il y a tout lieu de craindre que la même désillusion ne frappe ceux qui sont sortis victorieux, si évidemment rien n’est fait pour enrayer la dégradation des conditions économiques et sociales. Il est impérieux que les vainqueurs d’aujourd’hui arrivent à créer des situations irréversibles pour éviter à l’Islam politique de revenir demain aux affaires après une cure dans l’opposition.


La misère et les disparités sociales sont le terreau dans lequel l’islamisme arrive à se développer. Rendons inopérant ledit terreau avec des recettes toutes simples. Quoi de plus simple que de décréter le social la priorité des priorités ? Un choix clair même si sa mise en œuvre est délicate car elle nécessite de l’imagination, et une solide détermination. Le rapport Benmoussa sur le NMD a déjà exploré de nombreuses pistes.


La déclinaison de ce choix est évident : l’école dont l’état de décomposition avancée n’augure rien de bon, la santé dont la précarité extrême ne peut plus être masquée par le Covid, le logement dont l’insalubrité et l’éloignement renforcent le mal-être des populations, le transport dont le mauvais maillage rend problématique le déplacement des plus déshérités etc … .


Tout a été dit sur ces questions. Il est hors de mon propos de revenir là-dessus et de ressasser les analyses déjà formulées par de nombreux internautes. Cependant il me semble qu’aucun allègement de ces boulets que nous traînons ne doit s’envisager sans la perspective de réduire drastiquement les disparités. Il faut que le Maroc à deux vitesses (ou plusieurs vitesses) cède la place à un Maroc unifié par l’école, la santé, le logement et le transport. Pour nous en tenir qu’aux deux premiers, on ne doit plus continuer à tolérer la marchandisation honteuse de l’enseignement et de la santé. Avec un peu d’imagination on doit trouver le moyen de réduire la part de l’école privée et de l’hôpital privé. On sait que la première est le creuset où se fondent les couches sociales dans toutes leurs diversités, et le second est la marque de la solidarité nationale quand l’individu est confronté à l’adversité.


La lutte contre les disparités sociales doit être la priorité du prochain Gouvernement. A défaut, on devrait s’attendre à une accentuation de la paupérisation des masses qui risqueraient à nouveau de se retrouver dans les bras de l’islamisme. La victoire du Maroc aujourd’hui ne doit pas être une victoire à la Pyrrhus. Nous avons payé assez cher les deux mandats PJD, pour leur offrir un possible retour aux commandes.


Alors on sait ce qui reste à faire au prochain Gouvernement !


Abdelahad Idrissi Kaitouni.

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