À la suite de caricatures et de propos orduriers présentés sur la chaîne de télévision algérienne Echorouk et visant la personne du Roi, l’écrivain et journaliste Franco-algérien Kamel Daoud s’était fendu d’un article sur le Quotidien d’Oran intitulé : «Je suis marocain».
Était-ce sa manière de marquer son indignation contre des pratiques journalistes aussi immondes ? A-t-il voulu exprimer d’une manière voyante sa solidarité avec les Marocains continuellement agressés par une junte militaire honnie par son propre peuple ? C’est une magnifique plume qui sait faire passer les émotions, et on ne peut pas nier qu’il y avait comme un parfum de sincérité dans son article, même s’il n’a pas traité le sujet d’une manière frontale.
Sincère ou pas, toujours est-il que les Marocains étaient très nombreux à saluer cette prise de position. Dans la même journée j’ai relevé sur mon mur FaceBook plus d’une vingtaine de partage de son article. À croire que subitement ma liste d’amis s’était transformée en fan-club de Kamel Daoud.
J’ai toujours été très critique vis-à-vis de ceux que je qualifie de mercenaires de l’écrit. Ce sont en général de belles plumes, en mal de célébrité, qui font tout pour gagner de la consécration dans leur pays d’accueil. Ceci commence par l’alignement total sur les codes et les idées de la Doxa internationale. Un alignement qui n’est jamais suffisant pour satisfaire les exigences des médias, d’où les fréquentes mises à l’épreuve pour mériter le statut auquel aspirent nos mercenaires.
Pour y arriver certains n’hésitent pas à donner en pâture leur culture, leur identité, sans oublier la moins chère de toutes, leur religion. D’autres, plus pudiques, comme nos deux Goncourt nationaux, Tahar Benjelloun et Laïla Slimani, s’évertuent à jouer les amuseurs publics en offrant l’exotisme présumé de leur pays d’origine comme toile de fond à leur littérature.
Par contre dans mes critiques, j’ai été amené à épargner Kamal Daoud. Le personnage dit avoir vécu les douloureuses péripéties de la décennie noire en Algérie et ne peut, de ce fait ni taire les souffrances, ni occulter les stigmates des blessures engendrées. Qu’il se montre vindicatif à l’égard de son pays et surtout de la religion est parfaitement compréhensible et nul ne doit lui en tenir rigueur. C’est le propre de l’écrivain de rouvrir parfois des blessures pour mieux interroger la vie.
Les Marocains sont nombreux à penser que la prise de position de Kamal Daoud est en totale cohérence avec le cheminement intellectuel qu’on vient de voir. En disant qu’il est Marocain par solidarité avec nous, il franchissait le Rubicon. Cependant en bon connaisseur des arcanes de la politique algérienne, il ne pouvait pas ignorer que cette profession de foi allait soulever l’ire des gouvernants à Alger, et lui valoir les pires tourments. Une profession de foi tellement outrancière à leurs yeux que même le bannissement perpétuel ne pourrait en atténuer la gravité.
Mais ...
À la surprise générale voilà que Kamel Daoud est commis par le Point pour aller interviewer le Président algérien. Une fois passé l’instant de la sidération, on s’interroge sur la vraisemblance de l’événement . La première idée qui vient à l’esprit est de passer au crible l’interview pour savoir en quoi la présence de M. Daoud était-elle nécessaire. Déception de ce côté là, car aucune des questions soulevées n’était dans les thèmes de prédilection défendus généralement par l’écrivain. A l’évidence K. Daoud était là pour tout autre chose.
Était-il là juste pour faire de la figuration, ou bien sa présence répondait-elle à une exigence algérienne ? Ce n’est pas un homme à faire de la figuration, mais il doit disposer d’atouts certains pour que la Présidence algérienne ne lui tienne pas rigueur de ses déclarations «hérétiques» sur sa marocanité.
De quels atouts dispose l’auteur de « Meursault, contre-enquête». On sait qu’il a une certaine audience auprès de nombreuses personnes qui ont beaucoup d’influence dans le monde de la politique et des médias. Sa manière incisive, pour ne pas dire talentueuse, pour pourfendre l’Islam lui vaut reconnaissance et estime dans de nombreux cercles, dont certains sont d’obédience sioniste. Dans une belle symbiose avec ces cercles il n’a pas hésité à joindre sa plume à celles de BHL, Finkielkraut, Brukner et d’autres pour s’attaquer avec virulence au mouvement des Gilets Jaunes.
En dehors du capital sympathie de certains milieux, je ne vois pas quels seraient ses autres atouts. C’est précisément pour profiter de ses attaches avec des groupes de pression très influents que la Présidence algérienne accepte de faire un deal avec quelqu’un qui n’a pas hésité, dans un passé récent, à dire qu’il est marocain.
L’image de l’Algérie est passablement écornée. Grâce à de l’argent qu’elle distribue généreusement et tous azimuts, elle tente désespérément de se fabriquer une image moins hideuse. Car de tous les fronts qu’elle a ouverts dans sa guerre larvée contre le Maroc, c’est dans celui de l’image où elle est battue systématiquement.
Pourtant le Maroc mobilise infiniment moins de moyens financiers, son image plus qu’avenante n’a pas besoin de recourir à l’achat de consciences. Il dispose cependant d’une ressource à la fois noble et inépuisable : sa diaspora !
Quand on est issu d’une grande culture, d’une nation avec un immense recul historique, on ne renonce pas facilement à son statut. Raison pour laquelle le Marocain, quelque soit sa confession, reste attaché à ses racines. Il porte fièrement l’étendard de son pays sans rien attendre en retour.
De tous les complexes que nos voisins nourrissent à notre égard, le plus douloureux est de constater la symbiose parfaite entre notre pays et ses ressortissants dans leur diversité et là où ils sont. On ne tisse pas des liens si forts en saupoudrant des prébendes. Le Marocain se sent largement gratifié par la fierté d’appartenir à un pays béni.
Nul doute que le rêve de la junte militaire à Alger est de reproduire dans leur pays le même climat de confiance que le Maroc a réussi avec ses ressortissants. Serait-ce la mission dévolue à Kamel Daoud ? Malgré que l’individu soit auréolé de fortes accointances avec des milieux très influents, sa probable mission relève de la quadrature du cercle.
Ses chances de réussite sont infimes pour ne pas dire nulles. Il s’est déjà aliéné la majorité de la diaspora algérienne en attaquant vertement le Hirak. Quant aux Juifs d’origine algérienne, ils n’ont pas plus d’attache avec le pays que les Pieds-Noirs, et ce depuis les lois Crémieux. Ils est impensable que l’un d’entre-eux puisse infléchir sa position car l’Algérie a toujours considéré les Juifs algériens comme le fer de lance de la colonisation. Aucun Juif d’origine algérienne n’éprouvera le moindre émoi pour l’Algérie, alors que la quasi totalité des Juifs marocains vibrent juste à l’énoncé du mot Maroc.
De deux choses l’une : ou Kamel Daoud accepte la mission pour que, en fin de parcours, son compte bancaire grossisse de quelques millions d’euros, ou bien sa probité l’en dissuadera et l’amènera à expliquer à ses commanditaires que sur le plan de l’image toute compétition avec le Maroc est perdue d’avance. L’absence de soubassement culturel de l’Algérien est un obstacle à la construction d’une nouvelle image de son pays.
J’ai tout le mal du monde à imaginer qu’un tel personnage comme Kamel Daoud puisse se mettre dans une situation aussi abracadabrante. Et si ... sa présence lors de l’interview du Président algérien obéissait à la volonté d’une partie tierce, et que sous couvert de journalisme il était là en mission commandée des Services Secrets de sa patrie d’adoption ?
Au Maghreb, la France n’est jamais trop loin, et elle affectionne de garder tous les fer au feu.
Abdelahad Idrissi Kaitouni.
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