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Moudawana et démographie.




D’après le dernier recensement de la population, il y aurait comme une accélération du vieillissement de la population marocaine. Nous faisons moins d’enfants, et le taux de fécondité par femme en âge de procréer est inférieur au taux de remplacement, soit 2,1.


Est-ce que nous subissons le contrecoup de la vie moderne qui s’accommode mal d’une progéniture nombreuse ? Encore est-il que la modernisation du pays est loin d’atteindre un niveau comparable à celui des pays développés qui, eux se dépêtrent depuis fort longtemps avec des taux de fécondité nettement inférieurs au taux de remplacement.


Beaucoup d’observateurs incriminent la drastique baisse de la libido constatée chez les nouvelles générations. Constatations observées par de nombreux scientifiques qui n’arrivent pas pour l’instant à apporter des explications biologiques ou physiologiques probantes pour expliquer le phénomène. Faut-il encore, et encore continuer à n’incriminer que les méfaits de la vie moderne ?


D’autres versent dans le spectaculaire en affirmant que c’est la nature qui le veut. Ils avancent l’idée que Dame nature tente de s’auto-réguler.  Face à l’explosion démographique, que la planète supporte de plus en plus mal, la perte de la fertilité et de la libido conduira immanquablement à une croissance modérée de la population. Une régulation donc, des plus naturelles !



On sait qu’une démographie en berne, c’est une économie sans ressort ! Une franche dénatalité c’est la condamnation à terme de l’économie du pays : pas assez d’actifs pour couvrir les pensions des retraités, une trop forte pression sur l’emploi rendant excessif le niveau des salaires tirant ainsi l’inflation à des taux insoutenables, etc, etc… .


On peut opposer à ces idées le cas du Japon qui vit avec plus du tiers de la population dépassant les 65 ans. Il tente d’assumer sa dénatalité avec une apparente sérénité. En apparence seulement, car toutes les décisions prises à l’échelle personnelle ou collective, tiennent compte du vieillissement de la population qui constitue une menace mortelle sur le long terme. La paupérisation du pays n’est pas encore là, car les Japonais ont cumulé de si grandes ressources, ce qui rend pour l’instant, à peine imperceptible, l’érosion de leur niveau de vie entamée depuis le ce début du siècle. La situation est d’autant plus inquiétante que les Japonais s’obstinent à refuser une immigration qui aurait pu soulager l’économie par l’apport de sang neuf. Encore que récemment ils se sont résignés à lancer des visas de 6 mois pour capter ce qu’ils appellent les « nomades informatiques ».


Si le Japon est réticent face à une immigration massive, l’Europe, dans un premier temps a choisi d’y recourir pour faire face au vieillissement de ses populations. En effet, c’est en grande partie, grâce à l’immigration que les caisses de retraites semblent trouver provisoirement un certain équilibre. Un répit en somme ! C’est aussi l’immigration qui a permis de modérer le coût du travail, donnant, pour un temps encore, une légère compétitivité à l’économie européenne.


Pour combien de temps ces équilibres précaires vont-ils subsister ?Tout dépendra de la persistance ou pas de la vague populiste qui submerge l’Europe, et l’attitude finale qu’elle adoptera sur la question migratoire. Va-t-on au devant d’un positionnement éthniciste au risquerait de fragiliser durablement les économies européennes, ou bien le réalisme reviendra-t-il, comme en Italie par exemple, où la  Mélonie, malgré son hostilité déclarée à l’immigration, ne cesse de prendre des mesures qui sont autant d’appels d’air pour les migrants ?



Quid alors du Maroc ? Comment compte-t-il contenir, à ce stade, le dérèglement démographique qui pointe à l’horizon ? La solution à la japonaise, pas plus que la solution européenne ne pourraient convenir au pays compte tenu de notre niveau de développement. 


Un redressement démographique sera déterminant pour accéder à plus de prospérité. En effet, l’accroissement de la population constituera un puissant soutien à la demande en infrastructures et pour la consommation. Or on sait que demande et consommation sont des composantes fondamentales de la croissance économique. 


Pour y arriver, serons-nous amenés à nous lancer dans une politique nataliste ? J’imagine qu’il est encore tôt d’y répondre, et trop prématuré d’en définir les lignes. Mais il est peut-être urgent de s’assurer, lors de la promulgation de nouvelles politiques, notamment sociétales, qu’aucune règle ne vienne entraver le développement démographique. 


La reforme de la Moudawana est le cas-type du chantier en cours qui va durablement impacter la société. Dans leur écrasante majorité les Marocains aspirent à une refonte totale de ce corpus juridico-religieux qui régente leur quotidien. Pour des raisons diverses, chacun a envie de donner un coup de pied dans la fourmilière. 


Entre ceux qui invoquent une sacralité surannée, et ceux qui s’indignent que la justice y soit bafouée, on trouve d’autres qui estiment que éthique et morale y sont en peine et que les consciences, nos consciences sont en souffrance. Alors on comprend la désolation des uns et des autres, et bien entendu la passion que le sujet soulève. 



Face à cette cacophonie généralisée , il y a peu d’espoir que le texte final fasse unanimité. Ceux qui n’auront pas obtenu satisfaction, doivent se consoler, qu’à l’épreuve du temps, le texte atteindra ses limites et sera à son tour reformé. Par des retouches successives, il y aura des pans de plus en plus larges des citoyens qui vont y adhérer. C’est la raison pour laquelle je ne saurais m’opposer à la plus petite réforme de la Moudawana.


Toutefois je redoute toute préconisation susceptible de détourner les jeunes du mariage. Il faut éviter à tout prix que le mariage, du fait d’un article du code, ne devienne un piège juridique. Déjà le coût de la vie a créé une large désaffection à l’égard du mariage, si en plus on y doit affronter des tracasseries judiciaires, ce serait un risque majeur pour la démographie de notre pays.


Il faut rester attentif à toute mesure qui découragerait le mariage. Si à la désaffection à l’égard de cette institution, venaient s’ajouter à la fois les entraves de la vie moderne à la procréation, et la supposée baisse de fertilité, que deviendrait alors la natalité au Maroc ?


Oui à la reforme de la Moudawana, mais en y préservant l’institution du mariage, car c’est le jalon incontournable d’une véritable politique nataliste, sans laquelle l’essor économique se trouvera compromis à terme ! 


Abdelahad Idrissi Kaitouni 






















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