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Le Coronavirus accouchera-t-il d’une nouvelle société ?



Manifestement l’Homme reste foncièrement optimiste, et un tantinet rêveur. Nombreux sont ceux qui ressassent le vieux dicton : à toute chose malheur est bon. Autrement dit, ces optimistes invétérés tablent sur l’émergence d’un monde meilleur après l’effondrement de notre mode de vie actuelle qui sera emportée par le Coronavirus. Jusqu’à quel point peut-on nourrir cet espoir ?


Si effondrement devait y avoir, il dépendra de l’ampleur des pertes humaines. Or les Think-tanks sont en total désaccord entre eux. Les plus pessimistes prévoient un minimum de 40 millions de morts de par le monde, au moment où les plus optimistes plafonnent le nombre de morts à 250 000.


On peut légitimement penser que dans le premier cas, il pourrait y avoir un impact, et à la clef des changements plus ou moins importants dans notre mode de vie. Dans la deuxième hypothèse on peut parier sur le fait que la pandémie sera vite oubliée, et au bout de quelques mois, voire quelques semaines tout repartira comme avant ou pire qu’avant.


Rappelons-nous ce qui s’est passé en 2008 avec la crise financière qu’on présentait comme une des pires que le monde ait connue. On se souvient des drames humains qui ont résulté de cette crise, quand des familles entières se sont trouvées dans la rue après avoir été chassées de leur maison, quand des vies ont été brisées avec des licenciements massifs.


Et comme si de rien n’était, quelques mois plus tard les mauvais démons ont repris dans les banques et la financiarisation de l’économie est repartie de plus belle. L’économie réelle n’a cessé de se contracter évacuant un peu plus l’Homme de la centralité de la vie. Aujourd’hui, sous une apparente opulence l’économie offre une hideuse image de l’Homme qui s’accommode de disparités abyssales et d’inégalités obscènes avec ses prochains.


L’optimiste objectera que les deux crises sont complètement différentes, car si l’une a concerné son bien être de l’Homme, celle d’aujourd’hui touche directement sa survie. Deux raisons me paraissent devoir modérer l’optimisme.


La première c’est que l’Homme a développé une grande faculté d’oubli, notamment oublier ses propres erreurs. Si l’Histoire semble se répéter ou du moins bégayer, c’est parce que les mêmes erreurs reproduisent les mêmes problèmes. La deuxième raison c’est la propension de l’Homme à se réfugier dans son instinct de survie qui l’a amené à développer de puissants outils techniques et technologiques. Sauf que ces développements ne sont pas toujours en mesure de répondre, ni à la vitesse à laquelle ces crises se succèdent, ni à l’ampleur des crises qu’il a l’art de provoquer.


A cela il faut ajouter la complexité desdites crises, une complexité très lourdement handicapante surtout quand une crise vient aggraver l’autre. A titre d’exemple, la crise financière a conduit à des réductions dramatiques des crédits alloués à la santé. Aujourd’hui les populations, face à la pandémie, paient cash les forfaitures des États qui s’étaient accordés à abandonner la santé au privé.


Autre exemple, le stress écologique qui vient renforcer la morbidité du Coronavirus. En effet, à grand renfort d’experts, on nous explique que ceux qui décèdent sont des personnes âgées présentant de lourdes pathologies. Mais on a omis de nous dire que les problèmes respiratoires aigus résultent aussi de l’état de poumons passablement minés par la pollution. On n’a pas besoin d’être médecin pour deviner que le virus se développe rapidement dans les poumons que la pollution a déjà corrompus.


Je ne cherche pas à doucher l’optimisme du plus grand nombre, d’autant que je suis moi-même d’une nature foncièrement optimiste. Les deux tendances relevées plus haut ne signifie pas qu’on ne va pas tirer les bonnes leçons de la crise actuelle. En effet, la faculté d’oublier permet de dégager l’esprit pour échapper aux pesanteurs des problèmes, alors on arrive à plus d’audace dans ce qu’on entreprend. De même cette propension à privilégier la créativité, ne peut qu’inciter à davantage d’innovations pour réussir à survivre.


Pour garder le cap d’une issue optimiste devant déboucher sur une nouvelle société, l’Homme doit essayer d’apporter une réponse globale à toutes les crises qu’il subit ou qu’il provoque. Ces crises sont multiples et multiformes et touchent tous les aspects de son existence.


Parler donc d’une crise existentielle n’est pas exagéré. La pandémie du Coronavirus est d’autant plus effrayante qu’elle attaque une société gravement fragilisée par la concomitance d’une profonde crise morale résultant elle-même de dérèglements économiques, sociaux, sociétaux, écologiques etc... Autant dire que l’accouchement se fera dans la douleur !


Abdelahad Idrissi Kaitouni


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