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La crise ukrainienne, un véritable tourment pour l’Allemagne.




Depuis la fin du deuxième conflit mondial l’Allemagne va de désillusion en désillusion et l’actuelle crise ukrainienne semble mettre fin à son rêve d’une Europe forte dont elle tiendrait les rênes. Trois quarts de siècle après, elle continue à payer le prix fort de sa défaite. Il n’y a pas qu’Israël pour sortir périodiquement de sombres « délits »pour l’arnaquer, puisque même ses prétendus alliés ne semblent pas vouloir solder les comptes de la dernière guerre mondiale.


C’est particulièrement le cas des USA qui ne sont nullement disposés à accepter que l’Allemagne, en nouant des alliances ici et là, ne finisse par lui disputer le leadership économique de l’Occident. Les Américains n’arrivent pas à se remettre de la spectaculaire et rapide percée de la Chine, pour tolérer l’émergence, dans sa propre sphère d’influence, d’une autre puissance qui lui tiendrait la dragée haute.


Quand en 1945, les Alliés, en vainqueurs, avaient imposé la démilitarisation de l’Allemagne, celle-ci, loin de s’en offusquer, l’a acceptée de bonne grâce. Ceci pour deux raisons. La première, c’est de ne pas se doter d’une armée qui pourrait à nouveau susciter des rêves de puissance et réveiller ainsi les démons de l’aventurisme. La deuxième, c’est de montrer aux vainqueurs, devenus partenaires, qu’elle ne nourrit aucune velléité de revanche.


Le pacifisme allemand n’est ni contraint, ni feint, mais réel. Débarrassés de toute tentation hégémonique, les Allemands ont mis toute leur énergie et leur génie à construire une des plus belles économies qui soit. Ce fut le cas également du Japon. Les vainqueurs, croyant punir leurs ennemis d’hier en rognant sur leurs capacités militaires, ne réalisaient pas qu’en fait, ils leur laissaient le champ libre pour…s’armer autrement. Les nains militaires se sont mués en géants économiques. Ainsi l’Allemagne comme le Japon se sont-ils imposés rapidement comme des puissances économiques incontournables.


Devenus, et ceci avant la Chine, les ateliers du monde, ils voyaient s’ouvrir à eux tous les marchés, y compris ceux des pays censés être hostiles. La machine-outil allemande ou la chimie allemande étaient omniprésentes dans tous les pays du glacis soviétique de l’époque. Comme quoi les ennemis d’hier n’étaient point regardant sur l’origine des produits, dès lors qu’ils étaient de qualité et constituaient des outils importants pour leur propre développement. L’engouement pour la technologie allemande et d’une manière générale du savoir-faire allemand, avait créé une telle dépendance de ces pays, au point que les nouveaux rapports entre les ex-belligérants apparaissaient comme un véritable facteur de paix.


Progressivement l’Allemagne commençait, à son tour, à dépendre, non pas seulement de l’étendue des marchés de l’Est, devenus de plus en plus rémunérateurs, mais aussi et surtout de leurs impressionnantes ressources en matières premières. Les Allemands s’accommodaient parfaitement de cette interdépendance. Ils allaient ainsi dominer pacifiquement , sans coercition, un espace économique allant de Vladivostok à Brest. N’a-t-on pas vu l’ex-chancelier Gérald Schroeder prendre la Présidence de la société russe Gazprom après avoir quitté la vie politique allemande ?


Un poste honorifique, de surcroît basé à l’étranger pour un personnage qui a déjà eu droit à tous les honneurs ? Non ! Pour Schroeder ce poste ne lui apportait pas plus de prestige qu’il n’en a ! Il ne s’y était résolu que pour répondre à la volonté de son pays de bâtir un empire économique tentaculaire. Il rejoignait en cela le souci de Poutine qui caresse le rêve de retrouver les fastes des Romanov, lequel rêve ne peut se réaliser que dans le cadre d’une économie très prospère.


La convergence de ces deux ambitions allait-elle enterrer tout risque de conflit dans cette région du monde ? Les Allemands étaient-ils assez naïfs pour croire que l’interdépendance économique serait, comme ce fut le cas pour l’Union européenne, un rempart contre les risques de conflits entre partenaires ? Cependant toute zone de prospérité a besoin de se protéger contre d’éventuelles agressions extérieures.


Aussi ne manquait-il donc à cette construction envisagée par l’Allemagne sur son flanc Est, que la couverture militaire. S’abriter exclusivement sous le parapluie de l’OTAN, serait totalement inconvenant dans un partenariat incluant la Russie qui se se sent continuellement, flouée, bafouée et menacée par cette alliance militaire. Inquiétude d’autant plus justifiée que l’OTAN a cessé d’être, depuis une trentaine d’années, un pacte défensif pour devenir un pacte dangereusement agressif. Un pacte qui ne sert que les intérêts des États Unis !


L’autre apparente naïveté des Allemands, était de ne pas réaliser que les Américains étaient passablement agacés par le flirt germano-russe. Ils y voyaient le début d’un retournement d’alliance et surtout la pose des jalons pour la construction d’un futur troisième pôle mondial capable de rivaliser avec eux et avec la Chine. C’est trop demandé aux USA qui ne sont pas prêts à renoncer à leur hégémonie sur le monde.


L’Allemagne ne doit plus se nourrir d’illusions, car elle ne pourra jamais s’affranchir de la pesante tutelle de l’OTAN. Elle en est définitivement prisonnière, au point de se trouver obligée de renoncer à ses propres intérêts dès lors que les intérêts américains seraient quelque peu contrariés. La vulnérabilité de l’Allemagne lui est rappelée à chaque occasion. L’Administration Trump a essayé l’arme de la guerre économique par la taxation abusive des produits européens, et en empêchant la construction du gazoduc Golfe Stream 2. Une stupide guerre économique, menée sans succès, car sur le moyen terme, c’est l’économie américaine qui allait en pâtir. Alors l’Administration Biden est allé plus loin en cherchant à perturber l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne. Celle-ci doit renoncer à terme au gaz russe.


La punition infligée à l’Allemagne n’est pas une conséquence de la guerre en Ukraine. Elle en constitue un des principaux objectifs ! D’une pierre, trois coups : une Russie exsangue après sa parade côté Kiev, une Allemagne, et avec elle toute l’Europe, vassalisée pour toujours et interdite de rêve de puissance, enfin un capitalisme régénéré grâce à l’augmentation généralisée des prix pour faire les poches à l’ensemble de la planète !


On s’en tient à ce qui intéresse cette chronique : l’Allemagne ! La guerre en Ukraine, quelle qu’en soit l’issue, constituera pour elle une défaite qui la marquera durablement. Mais elle se relèvera sûrement, le génie germanique est là, toujours vivace. Comment ? Il apparaît qu’elle n’a d’autre choix que de renoncer à ses aspirations pacifistes ?


Il y a tout lieu de craindre qu’elle est en train d’abandonner cette illusion, une de plus, pour s’orienter vers une militarisation accrue. Le Bundestag vient de voter un budget de 100 milliards d’Euros pour la modernisation de la Bundeswehr. Montant faramineux s’il en est, et semble-t-il, ce n’est qu’un début car des sources prédisent son quintuplement avant la fin du mandat de l’actuel Chancelier.


Les germaniques ont la réputation d’être perfectionnistes et de ne jamais faire les choses à moitié. Autant dire, que maintenant qu’ils ont mis le doigt dans l’engrenage de la militarisation, nul ne peut savoir où ils s’arrêteront. Leur immense réservoir de scientifiques, et leur puissance industrielle peuvent les amener aisément et rapidement au niveau des Américains et des Chinois, peut-être même les surclasseront-ils dans certaines niches. On assistera bientôt à la naissance aux forceps d’un super géant, car l’Amérique ne peut indéfiniment maintenir sous son joug l’Allemagne et avec elle toute l’Europe.


Gageons que le nain militaire d’aujourd’hui deviendra sous peu, à son corps défendant, une redoutable puissance. La question qui s’impose est de savoir si le monde gagnerait en paix avec une troisième superpuissance. Comment se positionnera-t-elle entre les États Unis et la Chine.


Nul ne peut savoir si le Monde va gagner avec cette nouvelle configuration, mais ce qui est sûr, c’est que les USA, à cause de leur obsession à vouloir régenter le Monde, ont déjà commencé à perdre.



Abdelahad Idrissi Kaitouni.

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