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Feuille de route pour les guerres du futur.




Pour paraphraser le dicton « la fortune sourit à ceux qui se lèvent tôt », on peut se risquer à dire que « le futur appartiendra à ceux qui s’y préparent à l’avance ». C’est ce qui semble guider le grand théoricien du sionisme d’aujourd’hui, Bernard-Henri Lévy.


Le livre qu’il vient de publier au début de ce mois sous le titre « L’Empire et les Cinq Rois » est un événement majeur qui marquera à coup sûr les prochaines décennies.


La campagne médiatique accompagnant la parution de ce livre est inhabituelle, car elle va au delà de ce qui se fait quand il s’agit d’une fresque littéraire ou une œuvre profonde d’un essayiste.


Pourquoi donc tout ce tintamarre alors qu’on n’a affaire ni à de la littérature, ni à de la philosophie ? La raison doit être recherchée dans le contenu explosif du livre, car B-H Lévy signe là une véritable feuille de route pour les guerres que l’Occident compte livrer lors des prochaines décennies. Rien que ça !


Les cibles sont toutes désignées, elles sont au nombre de cinq comme indiqué dans le titre du livre. Il s’agit de la Chine, de la Russie, de l’Iran, la Turquie et ce qui subsiste encore du monde arabe.


C’est risible cet acharnement sur les Arabes alors qu’ils sont dans un état de délabrement total. La haine cumulée à leur encontre semble ne finir qu’avec la « solution finale » promise par l’extrême droite israélienne.


L’injonction donnée par Israël à l’Occident est de poursuivre la guerre contre ce qui reste encore debout dans le monde arabe. Pas de répit pour les Arabes !


Si cette mission est aisée pour l’Occident au vu de l’état du monde arabe, comment va-t-il s’y prendre avec les autres ennemis nommément cités. B-H Lévy est assez explicite sur l’approche de la confrontation projetée avec l’Iran et la Turquie.


L’Iran est la première obsession névrotique du sionisme, au point que l’accord sur le nucléaire iranien est perçu comme une haute trahison de Barak Obama et le pire revers diplomatique d’Israël. La remise en cause de cet accord est l’objectif déclaré de Netanyahou et Trump n’aura d’autre choix que de s’exécuter. On ne se pose pas la question de savoir si l’Iran sera attaqué, mais quand.


Le troisième ennemi à « taper » selon la feuille de route fixée par B-H Lévy est la Turquie. Les progrès économiques de ce pays sont devenus insupportables pour l’Occident. Insupportable qu’un pays musulman puisse connaître un tel progrès, et insupportable que ce progrès arrive sous gouvernement islamiste !


La tentative de coup d’état de l’été 2016 n’avait pas pour but le changement de régime, mais visait à rééditer le scénario de chaos comme en Irak, en Syrie et en Libye. Dans sa sagesse le peuple turc a préféré la dictature féroce d’un Erdogan à la guerre civile qui aurait dévasté le pays.


Sachant qu’ils n’arriveront pas à opposer les Turcs, les Occidentaux choisissent un nouvel angle d’attaque, très cher à BHL, la question kurde. Si d’un point de vue éthique on peut déplorer l’absence d’autonomie pour les Kurdes, on doit déplorer avec plus de force encore l’instrumentalisation par l’Occident de cette absence d’autonomie pour comploter et miner l’unité des pays qui abritent les Kurdes depuis des lustres.


Cette instrumentalisation des Kurdes par Israël se fait au grand jour : BHL, en chemise blanche se fait photographier dans les tranchées avec les Peshmergas. Il a rapporté des films à leur gloire mais surtout des films à charge pour diaboliser les populations non kurdes, et particulièrement la Turquie qui abrite plus de la moitié des Kurdes. BHL est on ne peut plus clair : la destruction de la Turquie passera nécessairement par le Kurdistan. Ce qui explique l’armement et l’entraînement intensifs des Peshmergas par Israël.


Etant donné que le Kurdistan est à cheval sur quatre pays de la région (Iran, Irak, Syrie et Turquie), l’Occident y trouvera une base à partir de laquelle il pourra étouffer toute velléité de redressement de ces pays une fois dévastés. Au passage on semble oublier que ces Kurdes qu’il prétend vouloir défendre seront aussi ses victimes puisqu’ils vont lui servir de chair à canon.


Dans son livre programmatique des guerres envisagées par l’occident, BHL consacre de longs chapitres à la Russie. Le prétexte est tout trouvé : l’Ukraine. On se rappelle que ce faiseur de guerres s’est rendu, toujours en chemise blanche, à Kiev sur la place Maïdan pour chauffer à blanc les ukrainiens. Ses discours belliqueux mettaient en opposition la « brutalité » russe à « l’angélisme » ukrainien. Cela procède du même cynisme : flatter ceux qui vont lui servir de chair à canon pour qu’ils acceptent d’aller au casse pipe. Pauvres Ukrainiens!


La Russie est cependant un gros morceau, très difficile à vaincre militairement. Le rêve est de la voir s’effondrer comme l’a été l’Union soviétique. Au bruit des bottes en Tchétchénie et en Ukraine, on va rajouter des sanctions économiques plus brutales pour entraver le développement de la Russie.


Ces sanctions revêtent des formes variées et très élaborées. On l’a vu cette semaine avec l’opposition des Européens au projet de gazoduc sous marin. Attitude paradoxale alors que ce projet sécurise l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne en particulier et contourne le risque du gazoduc qui traverse l’Ukraine, sensée devenir zone de conflit.


Tout est prétexte pour contrer la Russie. Dernier épisode en date, l’affaire de «l’empoisonnement» de Skripal, un agent double, et la montée au créneaux de tous les Occidentaux pour chasser les diplomates russes.


Ce catalogue des futures guerres assignées à l’Occident inclus la Chine. Là-dessus le livre de B-H Lévy ne donne guère le mode d’emploi. Il verse plutôt dans l’indignation sur les droits de l’homme, sur l’attitude de la Chine au conseil de sécurité des Nations Unies etc … .


A croire que dans ce cas l’Occident est en panne de logiciel et qu’il n’arrive toujours pas à trouver le bon angle d’attaque pour déstabiliser la Chine.


Très prudente, cette dernière a réussi avec maestria à désamorcer le conflit de la Corée du Nord pour éviter une guerre à sa frontière qui l’aurait entraînée, malgré elle dans une aventure aux conséquences imprévisibles.


Les directives de B-H Lévy sont claires (entendez par directives les injonctions du sionisme international), la Chine n’aura pas de répit. En déclenchant sa guerre commerciale. D. Trump veut tester la capacité de la Chine à faire face à l’adversité.


La feuille de route de B-H Lévy arrive avec deux décennies de retard. Car si l’Occident est en mesure de décimer le monde arabo-musulman, il ne pourra jamais abattre l’ours russe et encore moins le dragon chinois. Ce dernier en particulier a rattrapé son retard économique et surtout technologique. Mais le risque subsiste de voir l’arrogance de l’Occident exploitée par le sionisme pour l’entraîner dans une folie meurtrière.


Pour ma part je reste optimiste et j’aurais titré le livre de Bernard-Henri Lévy : « La fin annoncée de la suprématie occidentale » et en sous titre : Comment le sionisme a trahi le peuple juif ».



Abdelahad Idrissi Kaitouni.

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