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Des Marocains « déserteurs » ?



Ce papier m’a été suggéré par l’excellente Salwa Tazi qui a initié un débat sur Face Book à propos de ces "milliers de Marocains éduqués qui ne se sentent pas chez eux dans leur pays". Les nombreux commentaires, souvent de qualité m’ont interpelés.


J’avoue que je fais partie de ces Marocains qui vivent ce mal être. Je n'éprouve aucune honte à l'affirmer, pas plus que je n'en tire aucune fierté. Ce paradoxe résulte du fait que je déborde d'amour pour mon pays tout en éprouvant un sentiment mêlé comme une sorte de rejet.


Au soir de ma vie, ce sentiment mêlé est probablement induit par une forte frustration, un amer goût de l'inachevé. Quoi de plus frustrant quand la débauche d'énergie accouche de si maigres résultats. Ce fût malheureusement le lot de toute une génération, la mienne, qui n’a connu que des résultats mitigés, alors qu’elle s’est battue sur tous les fronts avec des moyens limités. Certes on trouvera bien des gens pour témoigner de l’étendue des efforts fournis par cette génération et attester par là même de résultats, pas si insignifiants que cela !


Oui, mon entourage m'encense, ne tarit pas d'éloges sur tout ce que j'ai pu réaliser et veut me faire croire que j'ai eu une vie bien remplie. Ces propos, bien que réconfortants, n’atténuent pas mon malaise.


Car nul ne peut m'expliquer pourquoi mes trois enfants ont déserté leur pays pour s'installer à l'étranger, alors qu'ils sont bardés de diplômes. Surtout ne me proposez pas l'explication avancée par mes enfants, à savoir que la faute me revient puisque c'est moi qui leur ai donné une éducation trop "soft" en total décalage avec la culture ambiante. Une culture tellement abrupte qu’elle "ringardise" toutes les valeurs traditionnelles fondées sur le respect, le partage, le scrupule ... .


Mes enfants auraient-ils cédé à la peur de ne pas pouvoir lutter à la loyale avec ceux qui sont sortis d'un moule culturel différent du leur ? Je connais le courage de chacun d'eux et leur forte armature intellectuelle, et pourtant ils n'ont pas cru bon relever le défi. C'est sûrement qu'en face le pays n'offre pas d'attractivités crédibles. Le secret est probablement dans ce mot : attractivité.


Rendons notre Maroc plus attractif avant de culpabiliser ceux qui ont choisi de vivre ailleurs.



Abdelahad Idrissi Kaitouni.

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